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Obsèques : quand les rivalités familiales et les egos s’emmêlent

Photo du rédacteur: Les Choses de la vieLes Choses de la vie

Dernière mise à jour : 12 févr.

« Ce fut vraiment un bel hommage » : qu’entend-on par cette phrase prononcée parfois à l’issue des obsèques ?



Photo Virginie Peytavi
Photo Virginie Peytavi

Plus une cérémonie aura été un reflet fidèle de la vie, de la personnalité, des amours, des amitiés ... du défunt, plus on aura le sentiment d’avoir rendu ou assisté à un bel hommage. Les funérailles n’ont lieu qu’une seule fois, il est important de faire au mieux, même si c’est très dur … Offrir de belles funérailles à un être cher est une satisfaction qui peut nous aider à entrer dans le processus de deuil.

Il arrive que, sous les effets du choc, une hospitalisation nous enlèvera toute possibilité d’y participer, c’est tout-à-fait terrible. Toutefois, si vous en avez la force et le besoin, organiser un autre moment collectif en souvenir de votre défunt, un peu plus tard, pourra vous permettre de faire quelque chose comme vous l’entendez (on dit faire ses adieux, il s’agit bien de faire très concrètement).


Un bel hommage sonne juste.


Lors de la préparation, chacun s’attachera à choisir des mots, des poèmes, des photos, un lieu, des musiques et des chants, des gestes, des fleurs, des rituels … afin d’exprimer tout son amour et sa reconnaissance pour le défunt. Les plus proches pourront également dire leur douleur, leur chagrin voire leur colère face au départ de cet être adoré. Ils partageront certains souvenirs chers à leur coeur...


Hélas, dans certains cas, de fortes mésententes familiales peuvent devenir un point très épineux lors des réunions de préparation, voire même un obstacle au bon déroulement des funérailles …


En effet, les réunions de préparation et d’organisation donnent parfois lieu à des conflits ouverts qui déclencheront de franches hostilités entre les proches du défunt. Les professionnels des pompes funèbres ne me contrediront pas sur ce point ... Le conseiller funéraire, ou le maître de cérémonie, aura alors le rôle très difficile, mais essentiel, de médiateur neutre et pacificateur, dans la mesure du possible ! (En tant que maître de cérémonie, j’ai malheureusement vécu une situation où tout le monde en est venu aux mains …)


Mettre entre parenthèses ses colères, ses jalousies ou ses rancœurs, semble bien être le comportement le plus indiqué durant ces moments de séparation ; moments où le respect de la mémoire du défunt et la dignité égard à toute femme et tout homme qui vient de mourir devraient pouvoir être la préoccupation première de tous. Le plus sage serait de centrer son coeur et son attention uniquement sur le défunt, en mettant sous silence durant ces quelques jours, ou quelques heures, nos blessures profondes et nos egos de côté. Pas toujours simple ... Face à l’adversité, nous aurons parfois à nous effacer douloureusement en choisissant de battre en retraite avec dignité.


Des récits d’endeuillés révèlent les blessures supplémentaires qu’ils ont dû subir en silence durant la période des obsèques ... De plus, déjà anéantis par la perte, très vulnérables, ils n’auront pas eu la force de faire entendre leur besoin légitime de participer, ne serait-ce qu’un peu.


Certaines situations sont récurrentes : à la mort d’un des parents, une exacerbation des vieilles et tenaces jalousies au sein d’une fratrie peut devenir tout à fait explosive… transformant la préparation et l’organisation des funérailles en règlements de comptes et batailles pour avoir la meilleure place ... Le jour de la cérémonie, l’assemblée sera en effet bien surprise de voir les grands absents du vivant de leur parent ou grand-parent occuper tout le devant de la scène …

Profitant ainsi peut-être de l’occasion pour soigner leur image en public ?


Pitoyablement et odieusement décalés, certains égoïsmes et égocentrismes sordides, certaines pathologies narcissiques, donnent lieu à du grand théâtre ! Dès qu’il y a du public, il y a forcément quelques comédiens !

Quelques personnes très proches du défunt seront alors tout simplement évincées de toute prise de décision, mises à l’écart de la cérémonie, de la rédaction et de la lecture des textes ... Dignement, poings serrés, coeur broyé, abattues doublement, elles assisteront aux obsèques sur le banc des parfaits inconnus … Se cramponnant à leur conscience et la force de leur amour pour ne pas réagir ...


La palette des comportements humains étant très variée, dans le meilleur comme dans le pire, je m’arrêterai là à ce jour...


Le blog est avant tout un espace d’expression et de libération de la parole. L’article se terminera par les extraits d’une lettre écrite par un jeune conjoint endeuillé des groupes de parole de l’association.


Un partage intime à travers lequel il souhaite parler à toutes celles et ceux qui auront peut-être vécu cette blessure sans nom ...


Une lettre édifiante, adressée à la mère de sa compagne, plusieurs mois après le décès, sa compagne chérie avec la quelle il partageait sa vie depuis plus de 13 ans. L’expression d’une colère juste et libératrice à la mesure de la violence subie. Une colère constructive qui se veut encore et malgré tout parée de bonnes intentions …



Un cri du coeur très authentique qui, personnellement, m’a rappelée la lecture d’un ouvrage précieux du psychothérapeute Thomas D’Ansembourg, Cessez d’être gentil, soyez vrai ! (à lire et à relire régulièrement !)


N. Géraux





Tu as rendu mon deuil encore plus douloureux. Tu as tout compliqué, tout accaparé, tout déformé à ton avantage. Tu t’es approprié les funérailles de K comme si elles n’étaient que les tiennes, effaçant tout ce qu’elle représentait pour moi et pour tant d’autres.


Je suis convaincu que si récupérer l’alliance de K. avait eu autant d’importance pour toi que ce que tu dis, je l’aurais aujourd’hui. Je suis convaincu que si le discours de ma mère avait compté pour toi, il aurait été lu et entendu. Mais non, tout a été centré sur toi, sur ton rôle, sur ta douleur – comme si nous les autres n’existions pas. (…)


J’ai longtemps réfléchi avant d’écrire ces mots. (…)


Peut-être est-ce par respect pour K, peut-être parce que malgré tout, je garde encore un infime espoir que tu prennes conscience de ce que tu as fait et que tu choisisses enfin de faire ce qui est juste. (…)


Je veux croire que tu n’es pas une personne foncièrement malveillante. Je le fais pour moi, pour me libérer du poids de ce silence imposé. Je refuse de laisser ces treize années d’amour, de partage et de complicités réduites à néant. Je veux que l’on se souvienne de K. comme la femme qu’elle était réellement, et non à travers le prisme déformé que tu as imposé.


J’éprouve de la colère, oui. Mais, surtout, j’ai de la peine pour toi.


Dis-moi … crois-tu sincèrement que tout ce tu as fait honore la mémoire de K ? Penses-tu vraiment que, si elle nous regarde, elle est fière de toi ? (…)


A. l’homme qui a accompagné et aimé Titoune ces 13 dernières années.



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