Perdre un proche, quand on est très jeune

Il n’est pas rare que des jeunes soient perturbés et tourmentés durablement, suite à la mort d’une personne aimée. Cette expérience précoce de la perte d'un proche est très déstabilisante et peut avoir des répercussions profondes. L'adolescence et les premières années de l'âge adulte, sont déjà en soi des périodes qu'on pourrait qualifier de transitoires où s'opèrent de grandes métamorphoses... Périodes de changements hormonaux, de la puberté, du stress lié à la réussite des études... Périodes au cours desquelles, on est censé poser les premières fondations d'une future vie professionnelle, au cours desquelles on vit nos premières histoires de coeur... La perte d'un père, d'une mère, d'un frère ou d'une sœur, durant l’adolescence ou chez le jeune adulte, pourra notamment avoir un impact direct sur la scolarité et engendrer des difficultés relationnelles...

Aujourd'hui, beaucoup d'entre nous aurons la chance d'atteindre leur quarante ans, sans jamais avoir été touchés directement, par la mort d'un proche. De fait, un ou une jeune endeuillé(e), âgé(e) de moins de 25 ans, aura tendance à se sentir très seul(e), isolé(e) et se sentir en décalage par rapport à la très grande majorité des autres personnes de son âge.

Le décès d’un des parents bouleverse l’équilibre familial et peut modifier les liens dans la famille. Par exemple, les relations dans une fratrie pourront s’en trouver fragilisées. Lors du décès d'un des deux parents, l'autorité parentale, les décisions concernant l'éducation, la gestion du foyer, tout sera chamboulé...

Après le décès d'un frère ou d'une sœur si, par exemple, la fratrie n'était composée que de deux enfants, l'adolescent se retrouvera bien seul, face à la détresse de ses parents...

Certains jeunes auront tendance à "surcompenser", sacrifiant ainsi leurs envies ou tout un pan de leur personnalité, afin de pallier l'absence d'un frère ou d'une sœur, d'un père ou d'une mère, pour consoler son ou ses parents...

Des étudiants ressentiront de la culpabilité en quittant la maison familiale... Certains lâchent carrément leurs études, pour aider leur père, leur mère... (Je pense particulièrement aux familles d'agriculteurs ou de commerçants...). On remarque souvent aussi des changements d'orientations professionnelles... Inversement, certains jeunes auront besoin de fuir, en urgence, la maison triste, pour tenir la tête hors de l'eau, pour "se sauver". "Se sauver", dans l'écoute d'un élan vitale, consciemment ou instinctivement, car dans l'instant, pour un temps voire pour toujours, c'est sans doute trop pour soi ... douleur contenue, chagrin enfoui, colère de côté, on met le couvercle... Tout le monde fait comme il peut, en fonction de l'âge qu'il a... S'écouter pour avancer, cheminer à son rythme, construire la vie face à soi... Dans le déchirement, on va parfois devoir mettre à distance certaines personnes qu'on aime... Chaque chose en son temps... Le vécu émotionnel lié à la perte d'un proche peut être très, très, décalé dans le temps (particulièrement quand on est jeune).

Il faut noter également l'impact que peut avoir la perte d'une /un ami(e), d'un amoureux ..., sur le coeur de nos jeunes. Il est fréquent, qu'à leur âge, ce soit la première fois, qu'ils voient un mort. Confrontés si tôt au corps sans vie d'une personne de douze ans, de vingt ans..., le premier contact avec les réalités de la mort commence fort pour ces jeunes gens... Les accompagner du mieux possible lors des obsèques est tout à fait essentiel.

Lors d'un après-midi consacré au deuil chez les jeunes, en octobre 2024, deux jeunes femmes étaient venues témoigner de leur histoire de vie. Nathalie Le Gall avait à peine18 ans, lors du décès de Nicolas, son frère de 20 ans. Valentine Kerneur avait 23 ans, lorsque son père, Serge, s'est suicidé. L'association publie, dans cet article, pour la première fois, une vidéo de 10 mn, montage de très courts extraits des entretiens. Une seconde vidéo d'extraits sera bientôt mise en ligne, sur le site de l'association et diffusée sur les réseaux sociaux. Merci Nathalie! Merci Valentine!

Les mots de ces jeunes femmes feront tomber quelques barrières de mauvaise solitude. J'en suis sûre. Leur courage et leur parfaite sincérité offrent un beau repère, pour les jeunes et les moins jeunes! Cette courte vidéo sera peut-être une occasion, pour certaines et certains, d'amener une discussion familiale, autour de la table de la cuisine, le dimanche midi, en épluchant les pommes de terre pour faire des frites ou avec un ami, pendant un week-end... L'air de rien, on partage, on renforce les liens...

Et, pour finir, sachez qu'un nombre important de jeunes adultes disent connaitre un jeune ou plusieurs qui ont perdu un proche et qui mettent régulièrement leur vie en péril dans des conduites à risque... Les témoignages de Nathalie et Valentine donneront également à réfléchir sur des actions qui pourraient être envisagées pour mieux accueillir, directement ou indirectement, nos jeunes endeuillés au travail, dans les lycées...

Comment mieux accompagner ces jeunes ? Penser l'accueil lors du retour au lycée, à la cité U ? Proposer des groupes de parole en Visio afin qu'ils et elles rencontrent d'autres endeuillé(e)s du même âge ? Créer des ressources spécifiques afin de leur permettre de poser des mots sur ce qu’ils ont vécu et de donner du sens à l’indicible ? Proposer des temps pour leurs parents, grands-parents, inquiets et démunis ?

Durant plusieurs mois, afin de mettre en place des actions de soutiens adaptées, l'association lance une enquête auprès des acteurs de l'éducation, de la jeunesse et des parents...

Premier rendez-vous d'informations et de discussions, avec Nathalie Le Gall, référente bénévole, pour les jeunes en deuil, en Visio conférence, le samedi 27 septembre 2025, entre 14h30 et 15h30.

Pour assister à la présentation et demander le lien d'accès à la Visio, envoyez-nous un mail.

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